jeudi 30 décembre 2010

The Big Lebowski - par Ethan et Joel Coen

Un film culte des frères Coen. À voir si on connaît pas... D'urgence!

Fiche technique
Réalisation et scénario: Joel Coen et Ethan Coen
Production : Ethan Coen
Année de sortie : 1998
Avec : Jeff Bridges, John Goodman, Julianne Moore, Steve Buscemi, David Huddleston, Tara Reid

Synopsis
Suite à un quiproquo, des hommes de main tabassent Lebowski, surnommé Le Duc (The Dude). Ce n’est qu’après avoir urinés sur le tapis de son appartement minable qu’ils réalisent qu’ils se sont trompés de Lebowski. Celui qu’ils cherchent est un millionnaire, dont l'épouse doit beaucoup d’argent à leur patron. Le Duc, insulté, décide d’aller voir l’autre Lebowski, et lui demande réparation pour son tapis. Mais M. Lebowski a un grave problème : sa femme a été enlevée, et il doit remettre une rançon d’un million de dollars aux ravisseurs. Il charge alors Le Duc de remettre la rançon, pensant que ses agresseurs sont les mêmes que ceux qui ont enlevé sa jeune épouse.



Le septième film des frères Coen explore le chaos et l’absurdité gâce à des personnages qui évoluent à travers eux, et qui, à défaut de trouver un sens à leur vie, en accepte la trivialité.

Le chaos se glisse partout dans ce film qui déstabilise toujours par sa succession de situations cocasses et inattendues, et ses personnages colorés. En effet, la société présentée dans The Big Lebowski est habitée par la confusion. Le récit n’est qu’une juxtaposition de lieux et de personnages qui n’ont rien en commun. Chaque rencontre est une ouverture vers un monde différent, mais fermé sur lui-même. En effet, chaque personnage a sa façon différente de se fermer à autrui et à ses problèmes. Ainsi, cette société se divise en plusieurs sous-castes que l’on pourrait réunir sous les deux castes principales des bien nantis et des laissés-pour-compte. Les bien nantis sont les artistes, les philosophes, les pornographes et les millionnaires. Les pauvres, eux, sont les vétérans et les religieux. Chacun semble figé dans sa caste, sauf Le Duc qui se promène d’un monde à l’autre, mais en se faisant toujours rappeler qu’il doit rester à sa place de laissé-pour-compte. Le policier ne croit-il pas le témoignage du riche pornographe, et ne tabasse-t-il pas Le Duc qui affirme que ce témoignage est faux, et ce, seulement sous prétexte qu’il est un chômeur? Il est intéressant de constater que la seule unité temporelle qui n’est pas figée, c’est l’arrière-fond télévisuel qui présente des images de la Guerre du Golfe. Cela a une symbolique bien précise : l’impérialisme américain qui s’impose dans le monde entier, et ce, jusqu’en Irak, mais qui est incapable de gérer les propres inégalités sociales qui existent dans son propre pays. Les castes ne se côtoient pas, ne se comprennent pas. Le manque absolu d’unité de cette société permet aux frères Coen de véhiculer leur message. Cette société chaotique n’est plus qu’apparence. Le pornographe paraît respectable, alors qu’il distribue sexe et drogue. Lebowski passe pour un millionnaire, alors que son argent appartient à sa fille. D’ailleurs, même le titre du film n’est qu’une apparence : Le Duc n’est pas le GRAND Lebowski. Ce monde qui voue un culte aux apparences est bel et bien la base conceptuelle du film. En effet, Le Duc, un anti-héros de la société états-unienne, reflète cette envie de matérialisme, de grand Rêve Américain, au début du film. Il considère en effet que le tapis souillé est un dommage plus important que les coups qu’il a reçus. Mais après avoir côtoyé toutes ces classes absurdes et fermées sur elles-mêmes, il ouvre les yeux. Peu importe s’il a perdu sa voiture et son tapis. À la fin du film, Le Duc reprend sa vie quotidienne, mais il a pris de la distance par rapport à ce Rêve Américain. C’est un symbole d’espoir, et ce, malgré les souffrances. Le héros accepte son sort, s’y résigne, et ne cherche plus à changer sa vie par la voie du Rêve matériel et vide. Ce film est le seul des frères Coen où la résignation à la fatalité prend une valeur positive. En effet, ne vaut-il pas mieux être soi-même, mais pauvre, que superficiel et manipulateur, mais riche?

Le chaos filmique apparaît aussi dans le mélange des genres, symbolisant la société hybride du récit par un film hybride : le narrateur est inspiré des westerns typiques ; le récit se base sur les codes du film noir ; et le ton est celui de la comédie burlesque. Ce mélange permet à l’absurde de faire son apparition dans le film. En effet, le narrateur ne prend-il pas conscience lui-même de l’absurdité de l’histoire vers la fin? Il conclut ainsi en affirmant qu’il a tout de même conté une belle histoire. C’est le seul sens qu’il trouve à tout cela : c’est une histoire qui valait la peine d’être racontée. L’univers très codé du film noir, combiné à la présence des personnages hippies, créent un effet de décalage et d’absurdité, permettant les quiproquos de l’intrigue. Le paraître l’emporte toujours sur l’être dans ce monde où l’individu n’est qu’un objet de consommation dont la valeur n’a d’égale que sa fortune, où sa valeur est déterminée par sa voiture, et non par ses actions.

Je voudrais conclure ce long billet (navrée!) en faisant observer que, les fameux « rêves » montrés dans des scènes oniriques et psychédéliques, qui révèlent les pensées inconscientes du Duc dans son sommeil, mettent aussi à bas le Rêve Américain et révèlent ainsi le propos du film. En effet, il n’y a qu’à penser au moment où Le Duc vole comme Superman, cette icone suprême de la virilité et du courage aux États-Unis. Le visage ridicule du Duc à ce moment montre qu’il s’agit d’une parodie qui se moque de cet idéal.

Il n'est pas surprenant que The Big Lebowski soit un film culte, et est même à la base d'une « religion », le dudéisme.

lundi 27 décembre 2010

The Man Who Wasn't There - par Ethan et Joel Coen

Un autre film des frères Coen, controversé, et toujours aussi délicieux à visionner, The Man Who Wasn't There. :-)


Fiche technique
Réalisation : Joel Coen
Scénario : Joel et Ethan Coen
Année de sortie : 2001
Avec Billy Bob Thornton, Frances McDormand, Tony Shalhoub, Scarlett Johansson.

Synopsis
En Californie en 1949, Ed Crane est le second fauteuil dans un salon de barbier. Sa vie est terne et sans intérêt. Un jour, il coupe les cheveux d’un représentant de commerce qui recherche un associé pour créer une compagnie de nettoyage à sec. Ed est intéressé à investir les 10 000$ dans cette entreprise. Alors, il décide de faire chanter l’amant de sa femme, Big Dave, de façon anonyme, pour obtenir la somme nécessaire. Mais Big Dave finit par comprendre que le maître chanteur est Ed Crane. Et c'est à ce moment que le plan du barbier tourne mal.



The man who wasn’t there est le neuvième film réalisé par Joel et écrit par les deux frères, Ethan et Joel. Ce film montre bien comment une personne peut tenter de changer sa vie, mais ne pas y parvenir si elle n’a pas les bonnes cartes. Ce récit montre qu’une action initiale peut entraîner un succession d’événements inattendus, incontrôlables, et fatals. Ed Crane, le personnage principal, en désirant changer son morne destin, ne fait que l’obscurcir. Il tente de réécrire son histoire, son destin, mais la vie en va tout autrement. Son plan pour soudoyer l’amant de sa femme se transforme en meurtre involontaire, et en poursuite en justice d’une innocente, sa femme. La fatalité s’abat sur cet homme qui se débat comme diable dans l’eau bénite sans pouvoir rien y faire. Il a perdu le contrôle, et ne peut le ravoir. Il en vient à la conclusion que le destin est soit contre lui, ou soit que tout est de sa faute : « la vie m’a donné de mauvaises cartes. Ou peut-être que c’est moi qui ai mal joué ». 

Le film ne sort pas du quotidien, et ce, malgré une enquête policière très importante à l’intrigue. Le trivial devient même plus important que l’enquête elle-même. Le quotidien est important dans tous les films des frères Coen, et ici, il devient pratiquement le moteur de l’histoire. C’est un coiffeur, un personnage ordinaire, qui tombe dans l’engrenage d’une situation trop grande pour lui. Le crime commis le fut pratiquement par hasard. Le personnage n’a pas été assez prudent pour l’éviter. Mais c’est qu’il ne se doutait pas encore de la tournure des événements (bien entendu).

La parole joue un rôle important dans ce film. Ed est un barbier qui ne parle pas beaucoup, ce qui est surprenant pour un homme de sa profession. Ce personnage est discret, mais pourtant, il cause des événements énormes. Il est l'homme qui n'est pas là pour les autres, tel un fantôme sans prise sur son existence absurde. C’est donc l’histoire d’un homme qui apprend à se connaître lui-même, et qui comprend que la vie n’est qu’un énorme labyrinthe dont on ne peut sortir puisqu’on ne peut que le subir.

vendredi 24 décembre 2010

A Serious Man - par Ethan et Joel Coen

Un de mes films préférés des deux frères Coen : A Serious Man, une comédie dramatique inspirée par ce que l'on appelle l'humour noir juif.

Réalisation et scénario : Ethan Coen, Joel Coen
Année de sortie : 2009
Avec : Michael Stuhlbarg, Fred Melamed, Richard Kind et Alan Mandell. 
Synopsis
En 1967, Larry Gopnik, un professeur de physique, mène une existence dont rien ne va plus : sa femme veut le quitter pour un de ses collègues ; son fils consomme de la drogue ; sa fille ne pense qu’à se laver les cheveux ; son frère, un surdoué qui a des problèmes mentaux, vit sur son divan ; son voisin est une sorte de J-I antisémite qui ne respecte pas les limites du terrain ; les problèmes financiers l'assaillent ; des lettres anonymes sont envoyé à son travail, lui enlèvant ses chances d’obtenir le poste tutoral qu’il vise ; et le père d’un de ses étudiants le fait chanter. Le sort s’acharne sur lui, et tout va en empirant sans cesse. Ne sachant pas comment réagir face à tout cela, il décide d’aller voir des rabbins. Trois rabbins à qui demander conseils.

Un Job contemporain
A serious man, le quatorzième film écrit et réalisé par les frères Coen, explore la notion de fatalité à travers le thème de la soumission au destin. En effet, ce récit montre que le sort s’acharne parfois sur certaines gens qui n’ont pourtant rien fait de mal. On ressent ici une influence de l’histoire judaïque de Job.
Dès la première scène, le spectateur est confronté à cette fatalité injuste : un conte d’horreur en yiddish explique de façon métaphorique, à travers un fantôme qui vient hanter un couple dont l’homme lui a pourtant donné un coup de main sur le bord de la route enneigée, que l’on peut être maudit sans raison, et tout perdre. 
Le personnage principal du film, Larry, comprend à force de souffrances que la vision qu’il avait des choses était fausse. Il se retrouve devant rien, ayant perdu ses certitudes. Il subit les malheurs qui lui tombent dessus sans jamais se révolter contre eux. Il ne contrôle rien de ce qui lui arrive. Il ne peut que pleurer, sans plus. Il ne parle pas lorsqu’il le peut. Pour la première fois dans leur filmographie, les frères Coen montrent un personnage vide, sans volonté, qui ne fait que subir les aléas du sort, et qui est pratiquement construit par eux. Ce personnage vit pleinement son destin, même si celui-ci est négatif. Il lui est totalement soumis. Son existence est absurde. Il y cherche néanmoins un sens, à travers la quête des trois rabbins. Cependant, la question de l’existence de Dieu n’est pas tant abordée dans ce film, probablement par pudeur de la part des frères Coen qui aborde aussi ouvertement leurs origines judaïques pour la première fois.

Larry ressemble à ce Job biblique dont la vie s’écroula entièrement tandis qu’il restait là, impassible, à prier. 
Dans A serious man, les frère Coen explorent un univers où la soumission du personnage aux malheurs de sa vie, son non-combat face au destin, sa quête dépourvue de sens, montrent une fatalité cruelle et inéluctable, mais surtout, injuste.

Les frères Coen

Ethan et Joel Coen sont deux frères cinéastes qui travaillent ensemble. Leur style cinématographique est à la base du mot « coénien », désignant par là leur genre si particulier et caractéristique. En effet, Ethan et Joen se font les dieux tout-puissants et cruels de leurs films, décidant des destins cruels et absurdes de leurs personnages, sur des fonds inpirés du western, du roman noir, du burlesque et de l'humour noir juif, pour le plaisir sadique du téléspectateur. Notre plasir sadique. Les thèmes majeurs de leurs oeuvres, les quiproquos, les plans foireux, l’impossibilité du Rêve Américain, la trivialité et l'anodin comme sujet même du film, reviennent dans tous leurs films comme une obsession jamais réglée. Mais jamais de la même façon. Ils réussissent donc à faire des oeuvres différentes avec des sujets redondants, tout en restant à la fois délirants et sombres. Il n’est donc pas surprenantque tant de gens s'intéressent à leurs créations.
On l'aura compris, j'adore les films de ces deux frères. Et j'ai décidé d'en présenter quelques-uns au cours des prochains jours. Pour que ceux qui ne connaissent pas puissent découvrir.

2001 - The Man Who Wasn't There
2009 - A Serious Man

Daniel Boucher - « Le Tel Quel à vie »

Il n’y a eu qu’un vidéoclip lié à l'album Le soleil est sorti : « Le Tel Quel à vie ».



Un clip simple et épuré, comme la chanson, et qui correspond à la notion de lumière, de sentiments affrontés de façon honnête (voir ma précédente note). Il présente une farandole de sentiments, à la manière d’une métaphore ou d’une transposition de ce que l’on ressent dans la vie de couple : la timidité, l’envie de s’amuser ensemble, la colère, le bonheur, le goût de rire et, le plus important, l’amour. Ces sentiments sont montrés tels quels, interprétés par les deux personnages, en gros plan devant la caméra. On montre donc de face, comme le « concept » de l’album veut que rien ne soit de profil, que tout soit lumineux. Le vidéoclip du Tel Quel à vie correspond donc aussi au concept de l'album, le soleil, la pleine clarté.


Le Tel Quel à vie
 
Si tu t’en allais
Si tu te poussais loin de notre nid
Si tu t’envolais loin dans le ciel
Je pense que je m’envolerais aussi.

Si tu me volais
Si tu me kidnappais loin de notre vie
Si tu m’enlevais jusqu’à Noël
Je pense que j’arrêterais ma montre à minuit

Si tu me voulais
Si tu me disais simplement oui
Si tu m’amourais rien que Tel Quel
Je pense qu’on s’amourerait le Tel Quel à vie

jeudi 23 décembre 2010

Daniel Boucher - Le soleil est sorti (album)


Pour un cours universitaire, récemment, j'ai dû choisir un album à analyser en profondeur. En fouinant chez un disquaire, j'ai trouvé cet album, Le soleil est sorti (2008) de Daniel Boucher. Connaissant plus ou moins les moyens et grands succès du chanteur, je me suis dis que l'exploration de l'univers de Boucher ne pourrait pas nuire à ma culture. Mais cet album... une claque dans la poire, mes amis. Une cymballe de claque. Que je partagerai avec vous. Mais non, n'ayez pas peur, je ne recopierai pas mon analyse de 12 pages ici, je vais plutôt en paraphraser quelques passages. Je ne suis pas sadique. ;-)

1- Ré
2- Le soleil est sorti
3- Sans ma vie
4- La vie comme une vue
5- Le tel quel à vie
6- Marcher
7- Le monde est grand
8- Je veux me reproduire
9- Parc Laurier
10- Perles-tu ?
11- Sentir le vide
12- Docteur
13- Je t'aime comme un fou.
  


Le soleil est sorti, aux influences musicales des années 60 et 70, comme Robert Charlebois, Elvis Presley, Jimi Hendrix et The Beatles, est un album très positif, non dans le sens des valeurs, mais d’un point de vue créatif. Daniel Boucher en a dit : «Mon album s'appelle Le soleil est sorti, c'est signe qu'il y a de la lumière au bout du tunnel. Mais pour moi, ça veut aussi dire qu'il faut vivre au maximum autant dans le bonheur que dans la douleur. Une peine intense, assumée et traversée de front, ça vaut mieux qu'un bonheur de profil. Le simple fait de réaliser que t'es malheureux est une sensation proche du bonheur. Ce sont des émotions tellement fortes que quand tu décides de les habiter, de les vivre à fond, ça te permet d'avancer».
La réception critique fut en général très positive : Le soleil est sorti est plus que souvent considéré comme étant l’album le plus mature du chanteur. On souligne, en outre de l'atmosphère musicale indéfinissable et dépouillée, la prose colorée de Boucher qui se place dans la veine de Claude Gauvreau et de Jean-Pierre Ferland, et la voix de Boucher, plus organique que sur les autres albums, plus vraie, plus dans la lumière.

Je ne ferai pas une analyse track by track, mais je peux dire que les treize chansons, toutes écrites sous la perspective de la lumière, ne sont pas reliées ensemble comme dans un album concept, mais révèlent plutôt que l'album possède un concept, celui du soleil, des émotions vues de face. Cela  se met en oeuvre à travers des thèmes tels l’envie de transmettre ses valeurs à un descendant, l’amour et la vie de couple, l’identité personnelle et nationale reconnues de manière positive, etc.

Par exemple, la chanson-titre utilise une écriture métaphorique permettant d’intégrer la notion de lumière à cette chanson, tout en faisant une image à la fois simple et belle, celle du ménage. Le renouveau pointe ses rayons partout dans la poésie familière et allégorique de l’auteur. Elle se conclut d'ailleurs sur les propos mêmes de la chanson qui reflètent en fait ceux du concept de la lumière : « on fait-tu l’ménage / on s’fait-tu clair? ». On laisse entrer la lumière dans sa vie par une allégorie du renouveau. Le soleil est sorti, après tout.

Dans la piste quatre, « La vie comme une vue », Daniel Boucher fait un lien entre la vie et l’envie, avec à la fois cynisme et espoir, dans la voie des émotions mises en pleine lumière, sans rien cacher. Magnifique refrain.

La cinquième chanson de l’album, « Le Tel Quel à vie », présente un amour vrai et authentique, le tout dans un style très épuré, avec peu de paroles. Il s’agit de sentiments très intimes qui sont montrés « tels quels », dans la perspective de la lumière qui révèle tout. Le thème principal de la chanson est la sincérité amoureuse, où l’on regarde les choses en face, et non de profil. Donc, la lumière est présente dans cette chanson par les thèmes et jeux de mots qui mettent en valeur les sentiments du locuteur ressentis pleinement, montrés en plein soleil, sans ombre.

« Je veux me reproduire » est une chanson (la huitième de l’album) où la lumière se fait présente dans les thèmes de l’envie de la transmission des valeurs, de l’amélioration de sa propre vie avec un enfant, du fait de se trouver soi-même par la perpétuation. Daniel Boucher la chante avec sa propre mère (!), ne voulant pas demander à une autre femme de chanter ces paroles (« je veux me reproduire). Cela produit deux effets de sens. En premier, le partage des voix homme/femme peut montrer l’envie partagée de relations sexuelles et de perpétuation de l’espèce. En second, le fait de chanter cela avec sa mère peut aussi montrer que l’envie de reproduction parcoure toutes les générations. Le cycle se perpétue ainsi. On retrouve en effet ces deux voies dans les thèmes de la reproduction humaine, la naissance, la descendance, les ancêtres. La lumière est présente dans le sentiment d’authenticité de la chanson : le locuteur veut un descendant pour transmettre ses valeurs, tout comme ses parents ont fait avec lui, et il ne le cache pas. Bien au contraire, il l’affirme. Il n’est donc guère surprenant que le refrain soit aussi citée sur la pochette de l’album : sa lumière montre une envie d’aller de l’avant, vers le mieux, vers la vie et le sens qu’on lui donne.

« Parc Laurier », la neuvième piste de l'album, est une déclaration d'amour d'un père à son fils. Pour moi, c'est la plus belle chanson de l'album, la plus authentique, la plus lumineuse. Le fils, c'est le soleil dans la vie du père. Et rien n'est plus beau que de voir le soleil briller lors d'une matinée toute simple, dans un parc urbain, près de la piscine.

La dixième piste, la chanson politique de l'album, « Perles-tu? » (comprendre « parles-tu? » dit de façon snob), une chanson choc sur l'importance d'être fière de ses origines, de parler sa langue sans honte ni prétention, de se tenir debout dans la fierté de son lignage, de sa culture, de son peuple. Une chanson qui demande de se réveiller, et de regarder le soleil en face, sans détourner le regard sur ce qui est au fond sa propre personne. Il ne faut pas perler, mais parler, haut, fort, dans le respect des autres, mais surtout de soi-même. Un sage conseil face aux questionnements sur la chute du « Maître chez nous? », sur la honte des québécois de leur culture face à celles des immigrants? Oui, il s'agit bel et bien d'une chanson sur les accomodements raisonnables, écrite bien des années avant la Commission Bouchard-Taylor.

Je vous laisse découvrir le reste, tout est superbe!

Quelques mots sur la pochette
La couverture montre un soleil levant — principal symbole de l’album — derrière des arbres devenus orange par l’événement qui prend une ampleur presque psychédélique. Les couleurs (orange, noir, orange, jaune, blanc et un tout petit peu de vert) sont présentes partout. Sur la couverture, elles donnent une impression d’épurement. L’endos de la pochette montre le visage de Daniel Boucher. Son expression est paisible et simple. À l’intérieur de la pochette, il y a une inscription : « ...chacun à son chemin / chacun cherche le sien / chacun cherche à changer son destin... ». Il s’agit d’un extrait de la chanson « Je veux me reproduire ». Une autre inscription est présente dans le livret, un extrait de la chanson titre qui indique cette envie de trouver la lumière : « ...on s’fait-tu clair? ».
Avec cet album, Daniel Boucher frappe fort, et inscrit son album dans une branche de la musique québécoise qu’il est le seul à habiter.

vendredi 17 décembre 2010

Daniel Boucher

Source de l'image
Une courte biographie d'un auteur-compositeur-interprète jouant du côté underground, mais qui possède malgré tout quelques succès populaires à son actif. J'aime cet artiste parce que ses mélodies indéfinissables m'accrochent aux oreilles (comme disent les Allemands) avec ses sonorités à la fois oldies et actuelles, parce que sa prose colorée, inspirée du langage parlé, est remplie de jeux de mots ingénieux, et parce que ses clips me plaisent. Mais surtout, le plus important : parce que sa musique est très bonne.

Daniel Boucher est un auteur-compositeur-interprète québécois, né à Montréal en 1971. Son premier album, Dix mille matins, sort en 1999. 

En 2000, il devient le cinquième artiste à recevoir le Prix de la Fondation Félix Leclerc aux FrancoFolies de Montréal. Il remporte aussi six trophées au gala de l’Adisq, dont ceux de Révélation de l'année et d’Auteur/Compositeur de l'année. « La désise », chantée lors de ce gala, recontre le plus grand succès en carrière du chanteur. Une chanson, qui, pourtant, s'inscrit dans un style différent du reste de sa discographie, mais qui l'identifie auprès du public comme étant « ce chanteur qui invente des mots poétiques à partir de notre langage quotidien ».
 « Boules à mites », « Silicone » et « Le poète des temps gris » connurent aussi le succès populaire.

En 2002, au Festival d’été de Québec, il remporte le prix du public, le Miroir du Spectacle le plus populaire.

En 2004, il sort La Patente, son deuxième album, qui, malgré un immense succès critique grâce à ses qualités artistiques non négligeables, ne rencontre pas l'approbation populaire. En effet, les public s'attendait plutôt à un album dont la musique serait comparable à « La désise », et en fut déçu. Malgré tout, « La patente » (pour l'anecdote, le clip me fait peur comme un mauvais rêve!!!), « Voyons donc », « Hôtel » et « Le vent soufflait mes pellicules » connaissent un certain succès à la fois d'estime et de moyenne diffusion.
La même année, il participe à la comédie musicale Dracula - Entre l'amour et la mort dans le rôle de Renfield.

En 2007, à la fin de la tournée de La Patente, Daniel Boucher  lance  simultanément deux albums live : La Patente / Live et Chansonnier / Live.

Après une crise de la page blanche, Daniel Boucher sort en 2008 son troisième album studio, Le soleil est sorti.
La démarche artistique y est nouvelle dans le parcours de l’artiste : composé en moins de 3 mois, il y eut pourtant cinq ans de réflexion derrière lui. Certaines chansons furent écrites quinze ans plus tôt, et intégrées à l’album (ce qui est plutôt rare pour un artiste de faire cela... imaginez les Beatles qui sortiraient une chanson de 1960 en 1985!) D'autres furent écrites à Montréal, mais dans les sillages mentaux de sa maison de campagne gaspésienne. Les paroles lui sont venues à l’esprit en songeant à son fils, à son amour, à la vie. 

 Je ferai une analyse plus en détail de cet album dans mon prochain billet. À surveiller, donc!

jeudi 16 décembre 2010

Les Colocs - « Passe-moé la puck »

Dans la lignée de mon précédent billet sur Tassez-vous de d'là du mythique groupe Les Colocs, voici une petite analyse de « Passe-moé la puck », juste pour vous faire apprécier la chanson encore plus (ou découvrir si vous êtes un néophyte des Colocs ^^).


« Passe-moé la puck », de l'album éponyme, s'inscrit dans la veine des chansons engagées particulières aux Colocs. Elle parle d'un sans-abri interrogé par des journalistes cupides. La chanson en elle-même critique les médias et la politique municipale déficiente.
Les jeux de mots se prêtent à une revendication sous-jacente à la chanson. Ainsi, en disant « J'm'appelle pas J'viens-tout-seul  », le personnage affirme que malgré sa condition, il demeure un être humain. Ou, en signalant le fait qu'il ne peut pas reçevoir d'Aide financière parce qu'il est un sans-abri, mais qu'il ne peut pas se trouver un endroit où vivre puisqu'il ne bénificie pas de ladite Aide fiancière, le personnage dénonce une situation ironique, un cercle vicieux dont trop sont victimes les gens démunis.
D'un point de vue musical, le mélange des genres procure une grande richesse sémantique : le rap (le mode d'expression d'une classe défavorisée), le folklore (la musique du peuple) et le gumboot (un symbole des anciens esclaves noirs-africains), trois musiques de gens démunis qui illustrent que le personnage-itinérant dépend de fait du système social qui le rejette. Une véritable ironie de situation, qui se mêle à l'ironie textuelle.


Passe-moé la puck

Aujourd'hui la télévision est v'nue nous voir
Pour constater l'état du désespoir
Une coup' de sans-abri à la veille de Noël
Ça, c'est un beau sujet pour le show des nouvelles
La caméra dans ' face j'y faisais des grimaces
Mais que c'est qui font là à filmer ma carcasse?
C'est pour un reportage sur les plus démunis
J'voudrais savoir ton nom, j'voudrais voir ton taudis
J'habite pas d'un taudis, j'm'appelle pas J'viens-tout-seul
J'vas t'mettre les points su'es i ou ben mon poing su'a gueule
Golden Johnny travaille pour les yuppies
Si j'avais l'droit d'voter ben j'voterais pas pour lui
Y a l'Armée du Salut, pourquoi tu vis dans' rue ?
J'ai dit ben passe-moé la puck pis j'vas en compter des buts !

M'a posé d'autres questions sur ma situation
C'est d'intérêt public de savoir si j'me pique
Tu bois-tu d'la robine ? Tu fouilles dans 'es poubelles ?
Parle-moi des détails de ta vie sexuelle
Bobette, Branlette, Canette, Ginette
Quêter, manger, j'm'en vas m'saoûler !
Tu vas en savoir plus long si tu m'donnes un peu de fric
C'est comme le téléthon des alcooliques
Y a l'Armée du Salut, pourquoi tu vis dans' rue ?
J'ai dit ben passe-moé la puck pis j'vas en compter des buts !

Le journaliste têteux a fait' le tour du bloc
Y a filmé juste un peu, y a ramassé son stock
Y est rentré dans l'café, y a demandé les chiottes
Moi j'en ai profité pour y piquer son truck
J't'allé m'chauffer les fesses au bureau du B.S.
Mais on peut pas t'aider si t'as même pas d'adresse
Ça fait qu'j'allé tchéquer un p'tit logement deux pièces
On peut pas te louer, t'as même pas d'B.S.

Aujourd'hui la télévision est v'nue nous voir
J'me sentais comme un rat dans un laboratoire
Y a l'Armée du Salut, pourquoi tu vis dans' rue ?
J'ai dit ben passe-moé la puck (bis)
Ben passe-moé la puck pis j'vas en compter des buts!

mardi 14 décembre 2010

Les Colocs - « Tassez-vous de d'là »

Pour faire suite à mon précédent article sur Les Colocs, j'ai eu envie de présenter le plus grand succès de leur album Dehors Novembre : «Tassez-vous de d'là». Déjà un classique de la musique.

Ce billet est en partie inspiré par l'article « L'écriture musical ou Fais-moi un dessin », du recueil Le frisson des chansons de Stéphane Venne.

Selon Venne, « l'univers de "Tassez-vous de d'là" repose sur une seule idée, l'idée maîtresse de notre temps : Au secours! C'est ce qui en a fait l'hymne au désenchantement terminal, l'hymne de ceux qui déchantent, qui décrochent, ou pire qui débarquent » (p.159).
Cet appel à l'aide, on le ressent d'une façon fascinante. L'introduction, une entrée en matière de la chanson, se montre à la fois festive et songeuse avec cette mélodie de l'harmonica, ce rythme reggae de la guitare et de la batterie.
Puis, c'est la poésie. Le texte sombre dans la détresse. 

Tassez-vous de d'là,
Y faut que j'voye mon chum.

Un homme dans la foule bouscule les passants. Il cherche son ami. C'est urgent.
Le langage parlé, le langage pleuré, montre une compassion désespérée, mais vraie.

Ça fait longtemps que j'l'ai pas vu
Y'était parti, y'était pas là
La dernière fois que j'y ai parlé
Son coeur était mal amanché
Sa tête était dans un étau
Y'était pas beau...

Y'avait d'la coke dans' es yeux
Y'avait d'l'héro dans l'sang
Y'avait tout son corps qui penchait par en avant
Y'avait le goût d'vomir
Y'avait envie d'mourir
Qu'est-ce qu'on fait dans ce temps là
Moi, j'avais l'goût d'm'enfuir


On lui ouvre le chemin, il s'explique en quelques phrases, prononcées d'un trait, « sur des notes rapides jusqu'à l'essoufflement, jusqu'à plus d'air dans les poumons » (p. 162).
Ces paroles donnent à voir plutôt qu'à nous dire ce que nous devons ressentir, mais ils produisent tout de même un effet : nous réagissons à elles. Nous sommes horrifiés, coupables même, et remplis de compassion.

Je l'ai laissé tout seul au bord de la catastrophe
Pardonne-moé, pardonne-moé, j'ai pas voulu, j'ai pas voulu
Pas voulu t'abandonner dans le moment le plus rough
Je suis le lâche des lâches pas le tough des tough


Les mots importants se répètent, la mélodie de rythme binaire se fait tertiaire par moment, sur les paroles misent en valeur.

Balma balma sama wadji
Khadjalama yonwi
Djeguelma djeguelma sama wadji
Khadjalama yonwi
Sama wadji khadjalama yonwi

Le refrain est écrit en wolof. Peut-être parce que l'on a pas besoin de comprendre les mots pour en comprendre le sens. Peut-être aussi parce que le wolof et le joual sont deux langues vernaculaires, reflétant le peuple et les souffrances des petites gens, une souffrance humaine...

Moé, j'fais mon chemin dans la foule
En espérant qu'une chose
C'est de voir ton visage ou de t'entendre crier
Avec ta voix immense et ton coeur qui explose
"Aidez-moé... aidez-moé"
Moé j'fais mon chemin dans la foule
En espérant qu'une chose
C'est de voir ton visage ou de t'entendre crier
"J'en ai plein mon casse mais c'pas encore l'overdose
Aidez-moé... aidez-moé"


C'est la claque. Ce pan entier de la mélodie devient tertiaire. On chavire en même temps que la musique, on en ressent l'écoeurement jusque dans nos trippes.

Balma balma sama wadji
Khadjalama yonwi
Djeguelma djeguelma sama wadji
Khadjalama yonwi
Sama wadji khadjalama yonwi

Ma woloula Dédé woloula

Ma woloula Dédé woloula
Mike woloula yow mi waniwo
Mike woloula yow mi waniwo...

Je concluerai ici en citant une dernière fois Venne, dans ce magnifique hommage écrit :
« Je vous le dis sans restriction : quant à moi, je n'ai jamais, dans aucune chanson, d'aucune époque, d'aucun auteur, jamais rien entendu d'aussi chavirant. [...] Comme c'est beau, le talent, quand ça frôle le génie. [...] Un grand auteur, Fotin » (p. 167).

jeudi 9 décembre 2010

Les Colocs

Je suis fière d'inaugurer ce blogue avec un groupe que je considère être le meilleur band de l'histoire musical du Québec.

Groupe culte des années 1990, Les Colocs est, selon moi, un des plus importants groupes de l'histoire musicale du Québec.
Et, si vous me le permettez, je le considère comme le meilleur groupe à avoir vu le jour dans les contrées québécoises. Rien de moins.

Reflétant le regain d'énergie des années '90, la musique (inclassable) des Colocs est un mélange éclectique de rock, de swing, de country, de reggae, de blues, de folklore, de rap, de klezmer, de sonorités africaines, de claquette, de gumboot, etc. J'y vois même une influence grunge dans la sincérité et la spontanéité des membres du groupe sur la scène.

Engagée, la chanson chez Les Colocs est empreinte de critique sociale. Plusieurs thèmes sont abordés - notamment la pauvreté, la marginalisation, la violence, le monde de la rue, la drogue, les médias, la mondialisation, la souveraineté québécoise, etc - dans la poésie du langage de la vie de tous les jours, chantés sur des airs enjoués. Il s’agit ici d’une volonté de donner une voix au plus démunis dans une langue qui leur est propre. « On peut danser et réfléchir en même temps », disait Dédé Fortin.

Mais Les Colocs chante aussi les émotions quotidiennes et humaines, que ce soit l'amitié, la dépression, l'amour ou la folie.

Le nom du groupe vient du fait que les gars furent colocataires en plus d'être membres du même band.



Biographie (composée par mes soins)

Les débuts
Fondé en 1990, au troisième étage du 2116 du boulevard Saint-Laurent à Montréal, Les Colocs se fait remarquer au Festival d'Été de Québec en 1992, alors qu'aucun album n'avait encore vu le jour.
Le groupe participe aussi à L'empire des futurs stars, un concours professionnel de musique. Il se rend en finale, mais les membres refusent en fin de compte de se rendre jusqu'au bout, car ils veulent avoir le libre choix de leur compagnie de  disque. Le concours exigeait en effet de choisir entre les trois commanditaires.
Ils signeront avec la compagnie BMG.

Le premier album
L'année 1993 est celle du lancement de leur premier album, éponyme. Dédé Fortin réalisa lui-même le premier clip du premier extrait, Julie, puisqu'il a étudié en cinéma. Ce clip, fait par procédé de pixilation, remporte un hommage du Rendez-vous du cinéma Québécois. Le clip de La rue principale, quant à lui, fut tourné avec moins de 100 dollars de budget grâce à l'ingéniosité et l'originalité du groupe. Le  groupe gagne aussi quatre trophées Félix l'année suivante, dont "Révélation de l'année" et "Groupe de l'année". Plusieurs chansons cultes sont désormais vivantes dans le coeur des gens : Julie, écrite pour la nièce de Dédé Fortin qui porte le même nom, La rue principale, Passe-moé la puck, Séropositif Boogie, chanté par Patrick Esposition qui est lui-même sidéen, Dédé, etc.

L'harmoniciste Marseillais, Patrick Esposito di Napoli, sidéen qui ne prenait aucune médication (il était un immigrant illégal), meurt en novembre 1994. Cela affecte Dédé Fortin au plus haut point.

Les sombres années
André Fortin convainc la maison de disques de les laisser lancer un album mi-live mi-studio (en tant que deuxième album...), Atrocetomique, qui fut en fait entièrement enregistré en concert. Dédé Fortin fixe la date de lancement, le 30 octobre 1995, le soir du référendum sur la souveraineté du Québec, puisqu'il est lui-même très engagé dans la cause indépendantiste. La défaite référendaire laisse celui-ci, les yeux plein d'eau, brisé, déçu, affecté.

Bon Yeu est le principal succès de cet album. Le clip est tourné avec des gens sans-emploi qui sont payés 100$ chacun par journée. Le tournage dure deux jours.

L'année 1996 est difficile pour le groupe. En plus d'un changement de line-up causé par des désaccords, le guitariste Mike Sawatsky subit un accident de voiture qui, selon la légende, le  laisse dans le coma durant presque deux mois.

Le chef d'oeuvre
Dehors novembre fut enregistré dans un chalet à Saint-Étienne-de-Bolton, composé par le groupe, mais entièrement écrit par Dédé. Ce troisième album sort en 1998. Manifestement plus sombre que les deux précédents volets, cet album explore des influences nouvelles. La participation des frères Diouf, qui y chantent en Wolof, y sera pour quelque chose. Sans oublier les influences latines et klezmer. Mais c'est surtout par sa poésie et sa noiceur que l'album touche et rejoint le public. L'album devient un succès, et un album culte pour les futures générations.
L'album fut dédié à Patrick Esposito.

Pis si au moins, et Tassez-vous de d'là rencontrent le succès populaire, Tassez-vous de d'là devenant même LE plus grands succès du groupe, et a droit à un des plus beaux clips de son histoire.
Le répondeur est peut-être la chanson la plus triste des Colocs, puisqu'elle ne bénéficie pas de cette ambiance enjouée si caractéristique du groupe.
La chanson U-turn raconte l'accident de voiture de Mike Sawatsky, et est chantée en anglais (Mike était un Cri d'origine anglophone).
Belzébuth, une sorte de mini opéra-rock, est peut-être la plus belle chanson du groupe, présentant une prose magnifique et un chant intense.

En 1999, le band est à l'apogée de son succès. Le groupe donne un spectacle devant 40 000 spectateurs  sur les plaines d’Abraham à Québec. Un jury international leur  attribuera le prix Miroir de la chanson d’expression française pour  leurs concerts au festival d’été de Québec. Les Colocs est proclamé  « groupe de l’année » au gala de l’Adisq. Dehors novembre s'écoula à plus de 100 000 exemplaires, ce qui en fait un disque certifié platine.

Le suicide
Le 10 mai 2000, Dédé Fortin est retrouvé sans vie dans son appartement. Sa mort remonterait au 8 mai. Je ne me sens pas trop à l'aise de discuter de son suicide, alors je vous renvois sur la page wikipédia du chanteur où une discussion sur le sujet à lieu.

Il faut seulement comprendre que la mort de André Fortin eut au Québec un impact équivalant à celle de Kurt Cobain aux États-Unis. Peu seront en désaccord avec moi.

La veille de sa mort, Dédé a envoyé un poème, La Comète, à son gérant. Ce dernier l'a fait publié dans La Presse.

Un album sans Dédé
En hommage à André « Dédé » Fortin et au parcours de Colocs qui a maintenant pris fin, les membres restants du groupe sortent Suite 2116 en 2001, album posthume qui contient des chansons inédites, des extraits de ce qu'aurait pu être le prochain album sortie de l'imaginaire de Dédé. Selon certains, l'album que Dédé avait en tête aurait pu être meilleur que Dehors novembre. Les échantillons que l'on peut entendre donnent envie de le penser. Cet album fut celui qui connu le succès le plus moindre, Les Colocs se refusant à promovoir l'album par la disparition de leur ami.

La chanson inédite Paysage, une adaptation musicale par Dédé du poème du même nom de Charles Baudelaire, connue aussi un succès d'estime.

Selon le gérant du groupe, Raymond Paquin, il s'agit d'un album troublant auquel la critique n'a rien compris : « Le  dernier hommage à Dédé lui a été rendu par un Indien, un Belge, trois  Anglais, deux Sénégalais et une dizaine d'Autochtones. Personne n'a  “allumé”… ».

Un dernier hommage
En 2009, un mini-album posthume est sortie, en hommage à Dédé Fortin : Il me parle de bonheur. Il contient la dernière chanson du groupe, La comète, basé sur le poème de Dédé. Le chanteur l'avait en effet enregistré avant son décès, avec comme seul élément musical, la podorythmie (un reel). « Comme dans le temps, il y avait une atmosphère de rassemblement durant l'enregistrement de la chanson. On ne s'est pas juste  retrouvé entre nous, on s'est plutôt tous retrouvé avec Dédé pour une  dernière fois en studio. Inspirés des mots et la mélodie de Dédé, nous  avons aussi eu la chance de retrouver le style musical des Colocs. Cette  inspiration positive nous a apporté beaucoup de bonheur », explique le guitariste Mike Sawatzky dans les pages liminaires de la pochette.

Cette même année, un film fut également réalisé sur André Fortin : Dédé, à travers les brumes.

Liens

mercredi 8 décembre 2010

Ouvrez la porte


Montons au grenier. Attention, la poussière recouvre tout ici. Normal, les coffres abritent des trésors. Oh! Nos pas tracent des micro-sillons sur le plancher de bois. Mais qu'y a-t-il ici? Que vois-je? Un vieux téléviseur. En noir et blanc dites-vous? Comme ces photos, sur le mur! Et cela? Un phonographe, oh! Nous pourrons chanter, danser! Et dans cette bibliothèque? Des vieux livres. Des romans. Le papier sent fort. Je me sens bien.
Dans mon grenier, j'entrepose des albums de musique, des films de toutes sortes, des tableaux, et des livres. Beaucoup de livres. J'aimerais bien les partager avec vous. Dépoussiérons ces objets, et plongeons-nous dans ces merveilles. Gardons l'esprit ouvert. Aimons.