dimanche 8 janvier 2012

Les vélos n'ont pas d'états d'âme - de Michèle Marineau

Quatrième de couverture
Il y a d’abord Laure, dont le passé est un mystère. Jérémie, qui voudrait résoudre ce mystère. Et Tanya, qui réagit très mal à l’intérêt que Jérémie porte à Laure.

Il y a aussi Christian, qui exerce un chantage odieux sur Laure. Cléa et Samuel, les petits fiancés. Marco, qui a un faible pour les tops models. Et Jean-Henri, le mystérieux Jean-Henri...

Il y a également des vélos, des chevaux, des insectes et des états d'âme...

Il y a surtout la vie, pleine de contradictions et de surprises. Et, une fois le mystère résolu, il reste encore à apprivoiser cette vie - une vie, qu'on choisit, qu'on bâtit, pas une vie qu'on se contente de subir.

Les vélos n'ont pas d'états d'âme, Michèle Marineau, Québec Amérique jeunesse, Coll. Titan jeunesse, 2002 (1998), 187 p., ISBN 2-89037-835-7


Les humains et leurs états d'âme
Les vélos n'ont pas d'états d'âme est un roman de l'écrivaine jeunesse Michèle Marineau, que j'ai dévoré avec encore plus de plaisir que Cassiopée - L'Été polonais, autre livre chroniqué sur ce blogue.
Et je dois dire que je n'avais pas autant apprécié une lecture depuis longtemps. Je me suis même couchée à deux heures du matin pour la terminer, parce que je ne pouvais pas lâcher ce bouquin avant le tout dernier mot. Je sais, je semble souvent dire sur ce blogue que mes lectures sont excellentes. Toutefois, dans les faits, l'impression d'un bon livre que je désire dévorer par-dessus tout est plutôt rare chez moi. Je choisi plutôt d'ignorer les livres somnifères et de parler de ceux qui m'inspirent des chroniques. Et ce roman jeunesse, il vaut vraiment le détour.

Le livre raconte deux histoires en parallèle qui s'emboitent l'une dans l'autre. Il y a celle de Jérémie, aîné d'une famille nombreuse et modeste, passionné par les vélos. Il y a aussi celle de Laure, issue d'un milieu riche, mais dont la famille fut déchue sur le plan social et financier. Cette dernière subit des épreuves atroces, surtout pour une fille de son âge : harcèlement sexuel, chantage, solitude, deuil et autres. En fait, je dois dire que l'auteure a su rendre vivants et crédibles ses personnages. En temps normal, j'aurais détesté une fille aussi snob et superficielle que Laure, mais, ici, la profondeur du roman m'a permis de m'attacher au personnage, avec empathie et compassion. Il en va de même pour les autres protagonistes, d'ailleurs.

La principale force du récit, selon moi, c'est son ancrage dans le réel. Cette histoire, on y croit. De toute façon, c'est bien connu : le secondaire est un microcosme de la société. On y retrouve les différentes classes sociales et les relations de pouvoir qui en découlent. On y voit dans toute sa bêtise la cruauté des humains : les jugements hâtifs, la manipulation, les mensonges, le mépris de la différence et la violence. Par chance, il y a parfois des amis ou des parents en dehors des murs de la polyvalente qui écoutent et soutiennent malgré les difficultés. Mais une chose reste sûre : les personnages ne peuvent construire leur destinée que par eux-mêmes. Les autres ne peuvent que montrer la voie : ils guident, accompagnent, mais ne décident pas à leur place. Pour vivre en étant elle-même, Laure devra subir les conseils et la colère de Jérémie, afin de réussir à surmonter son orgueil. Elle devra récupérer son propre corps et sortir de l'oppression masculine et sociale par ses propres moyens, mais tout en acceptant l'aide de ses proches. Et Jérémie devra quitter ses vélos le temps d'un instant afin de mieux observer les évidences sous ses yeux. Car il a la fâcheuse tendance à voir les minuscules détails à propos des autres, mais il ne voit pas les vérités dans sa propre existence. Car la vie n'est pas que mystère à résoudre, elle est aussi quotidienne, difficile et belle.

Les vélos n'ont pas d'états d'âme, un roman humain et subtil, sur l'adolescence et ses tribulations, sur les revers de l'innocence et sur les relations entre les individus. Un livre à mettre aussi bien entre les mains d'un adulte que de leurs enfants.

Extrait
En arrivant à la maison, je me suis dirigé vers le garage. J'étais brusquement impatient de m'occuper de cette roue voilée qui me narguait depuis quelque temps. À cet instant précis, j'éprouvais une grande, une énorme, une extraordinaire affection pour les vélos. Contrairement aux filles, les vélos n'ont pas d'états d'âme.

6 commentaires:

Allie a dit…

Il me tente beaucoup ce livre, que je ne connaissais pas! J'aime Michèle Marineau. Cassiopee m'a beaucoup plu aussi et j'ai adoré La route de Chlifa, lu à l'adolescence et relu l'année dernière avec autant de plaisir. J'aimerais bien lire Rouge Poison également.

Mascha a dit…

Si tu aimes Michèle Marineau, je suis convaincue que tu adoreras ce roman, qui est mon préféré de cette écrivaine jeunesse jusqu'à maintenant. ;)

Natacha (Tachas) a dit…

J'aime découvrir de nouveaux auteurs et j'avoue que ton avis m'intrigue. Je note le titre pour une éventuelle future lecture.

Mascha a dit…

Je ne sais pas si Michèle Marineau a publié ce livre en particulier en France, mais je sais que ce fut le cas pour « Cassiopée - L'Été polonais », son grand succès littéraire et critique (elle a reçu pour celui-là le prix du Gouverneur général, la plus grande distinction littéraire au pays ^^).

Isa a dit…

Ça me rappelle des bons souvenirs ! :)

Mascha a dit…

Isa : tu l'as donc lu? :P